Yann LeCun a fait son grand retour sur la scène de l’IA

La parole très attendue de Yann LeCun a enfin été prononcée. Après l’annonce de son départ du groupe Fair (Fundamental AI Research Lab) de Meta à la fin novembre 2025, LeCun n’avait partagé que de brèves notes de remerciement sur les réseaux sociaux. Le jeudi 4 décembre 2025, lors d’un événement à Station F, l’un des pionniers de l’intelligence artificielle moderne a pris la parole.

Pour son retour sur scène, Yann LeCun a opté pour un échange indirect avec les médias. Sa réapparition à Paris s’est faite au travers d’une session de questions-réponses menée par Aude Durand, directrice déléguée du groupe Iliad, lors de l’événement AI Pulse, dédié à l’écosystème de l’IA en Europe. Devant un public d’entrepreneurs et d’investisseurs, dont Xavier Niel, l’ancien cadre de Meta a défendu sans retenue sa position. Selon lui, les LLM (Large Language Models) comme GPT ou Gemini ne surpasseront jamais l’intellect humain, quelle que soit leur évolution future.

La divergence de la stratégie de Mark Zuckerberg

LeCun s’est interrogé sur les raisons de son départ au moment où Meta affichait publiquement un engagement accru envers l’IA. Il a laissé entendre que la vision scientifique de Mark Zuckerberg avait pris un tournant qui ne correspondait plus à ses propres objectifs. Sous la pression de la concurrence d’OpenAI et de Google, Meta a cherché à accélérer l’innovation en faveur de produits grand public.

LeCun a expliqué que Zuckerberg envisage l’AMI (Intelligence Machine Avancée) comme l’avenir, mais a constaté que le potentiel des applications dépasse largement les intérêts de Meta. Pour cette raison, il a estimé que c’était le bon moment pour fonder une nouvelle organisation.

Dans les derniers mois, Meta a également créé un nouveau groupe, nommé Superintelligence, dédié au développement de produits basés sur l’IA générative. La coexistence avec FAIR semblait alors impossible. Le rôle de LeCun était axé sur la recherche, tandis que celui de Superintelligence se concentrait sur l’application de l’IA pour améliorer les produits Meta.

Les limites des modèles contemporains

Yann LeCun reconnait que les modèles actuels sont „utiles“ et „intéressants“ pour des applications spécifiques. Toutefois, il rejette l’idée que ces modèles représentent un chemin vers une intelligence comparable à celle de l’homme. Il critique une industrie „complètement hypnotisée par les modèles génératifs“ et affirme, avec humour, qu’il n’a jamais cru à l’idée que l’on pourrait simplement augmenter la taille des technologies existantes pour atteindre l’intelligence humaine.

Un nouveau projet à l’horizon

Dans ses réflexions sur son futur projet, LeCun évoque une possibilité de partenariats avec des entreprises européennes qu’il décrit comme „pleines de talents“ et „pas encore à leur plein potentiel“. Cependant, il ne révèle pas si sa startup sera établie en France, tout en précisant que Meta ne sera pas trop éloignée de cette nouvelle initiative. „Meta est un partenaire, mais pas un investisseur“, a-t-il affirmé, suggérant que Zuckerberg pourrait fournir une partie de l’infrastructure nécessaire à cette entreprise.

Une vision pour l’IA du futur

LeCun rappelle depuis plusieurs mois que l’IA, comme ChatGPT, n’est pas suffisante. Pour lui, une IA formée uniquement sur du texte équivaut à quelqu’un ayant lu tous les livres sur la conduite sans avoir jamais conduit une voiture. Bien qu’elle puisse donner l’illusion de la compétence, elle ne „sait“ pas réellement conduire.

Pour remplacer les LLM, il a défendu un projet nommé „AMI“ chez Meta, qui vise à élaborer une architecture cognitive novatrice, capable de planifier et de comprendre le monde physique. L’objectif est de créer des „modèles du monde“, c’est-à-dire des systèmes qui ne se contentent pas de prédire le mot suivant, mais qui sont capables de prévoir les conséquences physiques d’une action.

Bien que Meta ait discuté de ce projet publiquement ces derniers mois, il ne semble plus être une priorité pour l’entreprise.

La défense de l’Open Source

Partisan de l’Open Source depuis longtemps, notamment avec les modèles Llama, Yann LeCun a critiqué l’approche fermée adoptée par ses concurrents américains. Ironiquement, il note que la Chine semble mieux comprendre les défis en jeu. „Les acteurs américains ont pris une mauvaise direction. La raison pour laquelle l’IA progresse, c’est l’Open Source. Aujourd’hui, les meilleurs modèles Open Source viennent de Chine“, a-t-il déclaré, ajoutant que sans Meta, le projet DeepSeek n’aurait peut-être pas vu le jour. Cela peut aussi être interprété comme une critique de la stratégie actuelle de Zuckerberg : en abandonnant la recherche pour se concentrer sur des produits, Meta pourrait perdre son avance.

Melisa Segura
Melisa Segura

Melisa Segura je kreativní autorka, která se zaměřuje na moderní styl života, módu a inspiraci pro každodenní chvíle. Její texty spojují lehkost, autenticitu a pozitivní energii. Ráda sdílí praktické tipy a nové nápady, které pomáhají čtenářům objevovat krásu v detailech i jednoduchosti.

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